En Île-de-France, les toilettes disparaissent des trains du quotidien
Pour augmenter la capacité de ses trains, la SNCF et Île-de-France Mobilités suppriment les toilettes de leurs nouveaux trains du réseau Transilien et RER, malgré la durée de certains trajets et des pannes qui durent parfois des heures.
Ils sont tout neufs, ils sont tout beaux, mais pourtant. L'entrée en service de nouvelles rames sur la ligne P du réseau Transilien, reliant Paris à Provins n'a pas été sans surprise pour les voyageurs réguliers : ces tous nouveaux trains, contrairement à leurs précédents, n'ont à l'intérieur... aucune toilette. Une décision qu'assume la SNCF, expliquant auprès de Actu.fr qu'il s'agit d'une question de performance – la suppression des toilettes permet d'augmenter la capacité – et de propreté.
« Vous ne devez pas avoir d’enfants en bas âge pour ne pas être choqué de la disparition de ces toilettes », a réagi une voyageuse auprès d'un autre pas si choqué, sur Facebook. Et cette habituée d'avancer : en cas de problème sur la ligne (ce qui est loin d'être rare), « vous avez donc votre enfant en bas âge qui se retrouve bloqué dans une rame pendant plus de 3 heures (il y a en temps normal 1 h 20 pour rejoindre Paris à Provins) sans pouvoir aller aux toilettes ».
Contactée par Actu.fr, la SNCF se défend : « Les trains Francilien, c’est 29 % de places assises en plus que les trains AGC (944 maintenant contre 732 avant) et l’emplacement toilettes réduit le nombre de places à bord et complique les flux montées-descentes dans les trains. » La SNCF relève d'ailleurs que la ligne P n'est pas la seule concernée et que, « lors de la commande des nouveaux trains et RER pour l’Île-de-France, il a été choisi par Île-de-France Mobilités (IDFM), et Transilien SNCF, de ne pas avoir de toilettes à bord ».
Nuisances olfactives, saleté et insécurité
Il y a quelques mois, Le Parisien s'était déjà fait l'écho de la galère des passagers, confrontés à la suppression des toilettes à bord des trains. Le journal racontait ainsi que des voyageurs s'étaient retrouvés bloqués sur la ligne L pendant plus d'une heure, obligeant « une personne à uriner dans un coin du train ». Le cas s'était reproduit quelques semaines après quand le RER D, également sans toilette, avait été bloqué plus de trois heures.
Au-delà du simple souci de performance, la SNCF a aussi expliqué auprès du journal que vu la fréquentation, et les actes de malveillance, il était impossible pour elle « de garantir des toilettes propres, approvisionnées et fonctionnelles ». « De l’insatisfaction peut même en découler un service non disponible, des nuisances olfactives, de la saleté et de l’insécurité », continue l'opérateur auprès d'Actu.fr. En 2018, Valérie Pécresse, patronne d'Île-de-France Mobilités, évoquait sur la ligne P des toilettes « dégueulasses » et sujettes à « 20 départs de feu », pour justifier sa volonté de les supprimer.
Pour les voyageurs, donc, une seule solution : aller aux toilettes avant de partir. Certaines toilettes publiques sont accessibles aux détenteurs du passe Navigo, d'autres sont payantes. La SNCF avait annoncé que les toilettes dans les gares seraient gratuites pour les voyageurs en 2022, mais alors que l'on se rapproche de la fin de l'année, cette mesure reste pour l'heure qu'une promesse.