EXCLUSIF. Ces quartiers et arrondissements de Paris où ça sent le plus l'urine

À partir des données de l'application DansMaRue, toilettespubliques.com révèle les arrondissements et quartiers de Paris où ça sent le plus l'urine. Un phénomène qui peut s'expliquer par différents éléments.

Odeur d'urine : ces quartiers de Paris où ça pue le plus
Publié le 19 octobre 2022, par Hector

On se balade, et d'un coup ça nous prend au nez, nous donne presque envie de vomir, alors on regarde au sol et on comprend lorsqu'on voit une tâche sombre et humide : c'est de l'urine. Tous les quartiers sont-ils logés à la même enseigne ? Grâce aux données de l'application DansMaRue, toilettespubliques.com a enquêté sur cette question, avec Paris pour exemple (faute de données pour le faire ailleurs en France).

Pour réaliser cette étude, toilettespubliques.com a donc utilisé les données de l'application DansMaRue. Cette dernière, mise en place par la Mairie de Paris, permet de signaler des anomalies sur la voie publique et d'alerter immédiatement les services municipaux (pour un lampadaire en panne, une voiture mal garée ou des objets abandonnés par exemple). Parmi ces « anomalies », on retrouve les « épanchements d'urine » sur la voie publique. C'est cela que nous avons regardé, sur la période du 13 avril 2021 au 12 mai 2022.

Cette carte (juste au-dessus), représentant le nombre de signalements pour « épanchement d'urine » dans chaque arrondissement de la capitale, est sans équivoque. C'est dans le 19e arrondissement qu'il y a le plus de signalements : sur la période, plus de 25 % des signalements enregistrés à Paris (soit 3 230 signalements pour 12 869 au total) l'ont été pour ce seul arrondissement. Suivent derrière d'autres arrondissements du nord : le 18e arrondissement (1 424 signalements) et le 10e (1 329 signalements).

Les arrondissements de Paris-Centre et du 14e arrondissements enregistrent, eux aussi, plus de 1 000 signalements sur la période. Bien peu par rapport aux arrondissements plus chics et peut-être moins fréquentés du 5e, 6e, 8e ou 16e arrondissements qui enregistrent eux 110, 138, 141 et 200 signalements pour des épanchements d'urine sur la voie publique, sur la même période.

Mais l'échelle de l'arrondissement est-elle vraiment pertinente ? toilettespubliques.com est allé plus loin, étudiant le nombre de signalements dans près de 500 polygones de 0,3 km2 chacun pour recouvrir la surface de Paris (plus de 100 km2 quand on prend les forêts en compte). C'est ce qui donne la carte ci-dessus.

De cette manière, on compte jusqu'à 517 signalements dans le seul polygone correspondant au périmètre avoisinant Stalingrad. Celui de Laumière/La Villette en compte 510, devant le secteur Château-d'eau (457). À d'autres endroits de Paris, notamment à l'ouest de la capitale, on a enregistré sur la même période que quelques signalements voire... aucun !

Pourquoi ça sent l'urine

Comment donc expliquer un tel contraste ? Difficile d'avoir une véritable réponse. D'abord, relevons que les arrondissements principalement concernés par ces épanchements d'urine ne sont pas ceux qui comptent le moins de toilettes publiques, selon nos données. Les moins bien pourvus en sanitaires (comme les 6e, 8e et 16e) sont également ceux qui enregistrent le moins de de signalements pour épanchement d'urine.

En réalité, les quartiers confrontés à ces problèmes d'odeur d'urine sont également confrontés à des problèmes de précarité. Ainsi, selon un décompte des sans-abri mené lors de la 5e Nuit de la solidarité à Paris, et analysée par l'Apur, les arrondissements concernés par un grand nombre de signalement pour épanchement d'urine sont peu ou prou (mis à part le 12e arrondissement) ceux comptant le plus de SDF. Il faut aussi évidemment noter, et l'analyse fine semble montrer un lien, que le nord de Paris se démène depuis des mois avec des squats et des personnes vivant dans des situations très précaires.

La précarité ne peut toutefois pas seulement expliquer le phénomène, sans que l'on puisse réellement mesurer ces circonstances. Pour certains endroits, il s'agirait tout simplement de la rançon de la gloire : ce sont des quartiers où l'on sort la nuit tombée et il y a beau avoir des toilettes parfois ouvertes 24h/24, l'envie pressante (qui peut être occasionnée par l'alcool) ne peut supporter une file d'attente devant des sanitaires et pousse donc certains – pour qui l'ivresse rend peut-être la chose plus simple – à uriner à l'extérieur...