Toilettes au Marathon pour tous : le fossé entre hommes et femmes face à l'attente
La fréquentation des sanitaires en amont du Marathon pour tous, début août, dans le cadre des Jeux olympiques de Paris, est un cas d'école sur l'inégalité entre les hommes et les femmes face à l'attente.
C'est un cas d'école pour lequel le marathon pour tous – réunissant à Paris, dans la nuit du 10 au 11 août, plus de 40 000 coureurs pour un marathon de 42 kilomètres et une course de 10 kilomètres, en marge des Jeux olympiques 2024 – nous a fourni un nouvel exemple : la différence d'accès aux sanitaires entre hommes et femmes. Quand les premiers n'ont pas besoin d'attendre, les secondes peuvent louper des moments importants.
Pour comprendre le souci, il faut d'abord visualiser l'espace. Le départ des deux courses – le marathon donc, et le 10 kilomètres – était donné au niveau de l'Hôtel de Ville de la capitale, dans le centre de Paris. Les coureurs avaient été répartis selon différents « sas », soit des zones bien définies et physiquement délimitées au niveau des quais.
Comment faire ses besoins dans cette situation ? Quelques brins de végétation dans ce coin permettaient, en dehors de ces sas, comme on a pu le constater, aux hommes d'uriner dans l'espace public. À l'intérieur des sas, dans lesquels les coureurs pouvaient attendre plusieurs dizaines de minutes, des sanitaires avaient été répartis. Et c'est là que le contraste entre hommes et femmes est saisissant.
Une attente plus longue pour les femmes
Pour les hommes disposés à uriner debout, des urinoirs ont été installés. Pas de fioritures ni d'intimité : chacun se fait face lorsqu'il urine. Pour les femmes, quelques cabines sont disposées, mais devant lesquelles on voit rapidement des files d'attente de plusieurs dizaines de personnes. Soit autant d'attente. Si des urinoirs pour femmes (que l'on peut trouver de plus en plus souvent dans les festivals) avaient été installés, ils l'avaient été en aval des cabines et des urinoirs pour hommes, ce qui les rendait assez discrets. Résultat : s'ils étaient utilisés malgré tout, les femmes qui auraient pu les utiliser ne pouvaient les voir lorsqu'elles étaient dans la file d'attente pour les cabines.
La question du temps d'attente pour accéder à des sanitaires est importante. Pour les femmes, il est ainsi plus fréquent d'attendre plus longtemps, où que ce soit dans les établissements recevant du public. Dans une étude publiée en 2017, deux chercheurs pointaient du doigt la possibilité de mettre davantage de toilettes grâce aux urinoirs dans des toilettes pour hommes que dans des toilettes pour femmes, quand l'espace est le même. Et quand les toilettes sont exploitées au-delà de leur capacité, le temps d'attente pour les femmes peut atteindre, selon cette même étude, plusieurs dizaines de minutes.
Quelles solutions ?
Plusieurs solutions existent. Dans le bâti, cela passe par la construction de toilettes destinées aux femmes plus grandes que celles pour les hommes, pour abriter 1,5 à 2 fois plus de sanitaires dans le premier espace par rapport au second. Il est aussi envisageable d'imaginer des toilettes mixtes. Pour une totale égalité – sans que ce soit moins « productif » toutefois – il faudrait même envisager des toilettes mixtes sans urinoirs. Dans les lieux éphémères, comme les festivals et les courses donc, le développement des urinoirs pour femmes est également une opportunité à saisir. Les « pisse-debout », que l'on peut acheter en magasin ou en ligne, sont aussi des possibilités pour les femmes qui voudraient se saisir elles-mêmes du problème.