En Chine, les toilettes publiques comme support de la contestation du peuple

Quel est donc le dernier endroit de liberté dans un pays où la contestation est sévèrement punie ? En Chine, certains semblent avoir trouvé la réponse. Alors que la grogne monte contre le régime en place, au début d'un troisième mandat de Xi Jinping, les murs des toilettes publiques, où il n'y a pas (pour la plupart) encore de caméras de surveillance, se parent de plus en plus de messages de contestation. Ce phénomène a déjà son surnom, donné par la presse : la « révolution des toilettes ».

Sur son site Internet, CNN raconte ainsi que des slogans de contestation contre le pouvoir politique ont été « griffonnés » sur les murs et les portes de certaines toilettes publiques dans le pays. Le média a ainsi interrogé Raven Wu, diplômé d'une université de l'est de la Chine, qui sur les murs d'une d'entre elles a laissé un message en anglais pour partager son appel à la liberté. Il y dessine Winnie l'ourson couronné (censé représenter X Jinping qui est parfois comparé au personnage potelé du dessin animé) barré d'un trait, opposant des idéaux à la réalité de la vie en Chine : « La vie, pas la politique zéro Covid », « La dignité pas les mensonges » ou encore « Les élections, pas une dictature ». 

«J'ai fait la bonne chose pour le peuple»

« Dans ce pays de censure culturelle et politique extrême, aucune expression politique n'est autorisée. Je me suis senti satisfait que pour la première fois de ma vie en tant que citoyen chinois, j'ai fait la bonne chose pour le peuple », s'est enthousiasmé Raven Wu auprès de CNN, disant espérer que ces quelques mots pourraient provoquer au moins quelques réactions parmi ceux qui les auraient vus.

Le phénomène semble toutefois limité. Citizensdailycn, fort sur Instagram de plus de 35000 abonnés, a dit avoir reçu une trentaine de photos de messages de contestation griffonnés dans des toilettes publiques, rapporte encore CNN. « J’ai été surprise de voir l’ampleur des images de graffitis dans les toilettes chinoises, a expliqué une administratrice de ce compte à France 24. Cela peut paraître peu risqué, car il n'y a pas (pour l’instant) de caméras de surveillance dans les toilettes publiques, mais ça reste assez extraordinaire vu ce qui arrive aux personnes qui expriment leur désaccord publiquement en Chine. »

Auprès de CNN, un autre militant observe : « En raison de la censure et de la surveillance, les gens ne peuvent exprimer leurs opinions politiques qu'en écrivant des slogans dans des endroits comme les toilettes. Il est triste que nous ayons été opprimés à ce point. »

Source photo : Instagram/Citizensdailycn